Correspondance #2


Chère école, je viens te souhaiter bon courage pour cette année nouvelle.
Je comprends bien que ces derniers temps, rien n’est trop facile pour toi, et que t’as un gros coup de blues. N’oublie pas (n’oublie jamais), du down, tu peux choisir de sortir plus forte.
Chère école, exceptionnellement j’vais pas être parmi tes rangs cette année (ça me fait putain de zarb d’ailleurs) mais je voulais te demander (sans trop vouloir ressembler à la nana qui abuse) si tu pouvais faire ton max pour qu’il y ait beaucoup de love à la récré.
Je sais pas si t’as vu, y a un peu le bordel sur les écrans de télé et je crois bien que nos loulous sont flippés de ça, alors aide-les. Dis leur que la peur, ça craint, ça fige les cœurs.
Essaie de faire une belle place à tous les lutins. Ceux qui foutent grave le bordel parce qu’ils ne savent pas quoi faire de leur peau, tu le sais bien qu’ils ont besoin de toi, de ta bienveillance, de ta protection même des fois. Râle pas contre ceux qui fument des pétards, ou qui passent des heures de fou devant leurs écrans à se flinguer le cerveau, c’est juste qu’ils essaient de se casser ailleurs, loin. Alors, s’il te plaît, raconte leur des belles histoires, ça fera diversion et montre-leur combien ils sont forts en dedans d’eux-mêmes, ils l’ignorent.
Et pour ceux qui ne savent pas lire même à 9 ans, te bile pas ma chère école. Parce que t’sais, ils savent faire plein d’autres trucs qu’ils peuvent apprendre à leurs petits copains. Etre futé, c’est pas seulement savoir lire et compter.
Je t’en supplie n’oublie pas ceux du fond de la classe, ceux qui font si peu de bruits, qu’ils ressemblent à des silences de verre. Ils sont fragiles ceux-là, ils se brisent en éclats d’un rien et pourtant…ils hébergent des trésors dans leur ventre.
Oublie ton stylo rouge aussi, il est flippant putain, remplace-le par de l’encre dorée qui sent le soleil, ça ira mieux pour la confiance après, j’te promets.
Si t’es en galère et que tu te sens trop seule face au système, ma chère école, n’oublie pas tous les électrons libres et les particules folles qui telles de petites abeilles dans la ruche, essaient d’adoucir les brûlures avec leur miel. Penche-toi un peu sur leurs belles idées, et même si ça te semble pas dans la norme, fuck oublie un peu les codes ( !). T’es pas toute seule, y a des bus entiers de maîtres et de maîtresses et de professeurs et de gens en tout genre, tout style, toute berzingue qui en veulent grave, et qui sont à tes côtés, alors…écoute-les.
Ne divise pas, rassemble.
T’sais, faut pas déconner, dans tes bras y a des milliers de zouz qui cherchent comment on devient « un grand ». C’est fort ça quand même, nan ? C’est pas un truc qui a la classe ? (ouais, j’assure en jeux de mots depuis que j’suis devenue écrivaine, délire)
Fais gaffe à eux, ils sont des diamants à l’état brut, ils sont la lumière, les paillettes, nos supers héros. Ils sont sacrés.
Ps : Je veux bien que tu fasses un spécial big-up à la toute petite tête blonde pleine de rêves de pompier et de bricolage qui va rentrer chez les petites sections aujourd’hui pour la première fois. Et tu kiss fort son papa et sa maman aussi, tu leur dis qu’ils assurent grave.
Ecole, t’es dans le top five de nos plus grands espoirs, c’est un peu lourd à porter parfois ok mais t’es capable d’y arriver. Accroche-toi !
Je t’embrasse (même si des fois (souvent) tu m’fous en rogne, tu vas beaucoup me manquer cette année)
Ton fidèle bonnet d’âne.
CB

(image Craig Davidson)

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